Que se passe t-il au Mali ? Qui sont les rebels ?

Au départ, les Touaregs réclament leur indépendance.

Les images touristiques montrent des Touaregs, blancs, voilés, "fiers" et nomades et caracolant à dos de chameau dans le désert. Mais les Touaregs ne sont pas une "ethnie". C'est une communauté culturelle et linguistique composée de blancs, de noirs et de métisses'.

RFI et tous les médias français présentent le désert comme le "pays" des Touaregs. En réalité "Le pays des Touareg" est aussi le pays des Peuls, des Songhaïs, des Toubous, des Arabes et des Haoussa. Toutes ces populations vivent sur ce même territoire avec des villes comme Gao, Tombouctou, etc.
Voir la carte détaillée plus bas.

Il n'y a pas de "pays" proprement Touareg. Les Touaregs sont des nomades qui tout comme les Peuls, sont dispersés à travers tout le Sahel. Ils ont toujours vécu, non pas séparés, mais mêlés aux autres populations dont ils représentent environ 10%. Les Touaregs, appartiennent au monde berbère tout comme les Kabyles d'Algérie. Les Berbères, contrairement aux Arabes avec lesquels les Sub-sahariens les confondent, sont des autochtones d'Afrique depuis au moins 30.000 ans. De ce point de vue ils peuvent s'estimer un peu chez eux au Sahel. (et même en Algérie!) 
 

L'Azawad (Source Wikipédia)

L'Azawad, désigne le territoire revendiqué par les indépendantistes touaregs. C'est en gros le Nord du Mali. Les touaregs, au moment de l'indépendance des colonies françaises aspirent à l'autonomie (depuis 1958). Cette aspiration a pris la forme de « rébellions touarègues ».
 

Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA)

Début 2012, une nouvelle insurrection déclenchée par le Mouvement national pour la libération de l'Azawad réclame l'indépendance des trois régions du nord du Mali : Kidal, Tombouctou et Gao. Cette insurrection est menée dans un premier temps conjointement puis séparément avec le mouvement salafiste Ansar Dine qui veut imposer la charia et l'organisation terroriste Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI).
 
En mars 2012, un coup d'État militaire à Bamako renverse le président malien Amadou Toumani Touré, ce qui précipite la désorganisation de l'armée et aboutit à son désengagement de la zone située au nord du fleuve Niger, à l'occupation du territoire par le MNLA et les mouvements islamiques.
 
Le 6 avril, le MNLA proclame unilatéralement l'indépendance de l'État indépendant de l'Azawad. Cette déclaration d'indépendance a été immédiatement rejetée par l'Union africaine, la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest et par la communauté internationale.
 
Le 7 juin 2012, le MNLA dévoile le Conseil transitoire de l'État de l'Azawad (CTEA) formé de 28 membres et ayant comme président Bilal Ag Achérif.

Mali carte des opérations militaires (Journal Le Monde 17/01/2013)

 

Le rôle de la France dans le conflit  (Vu par un malien)?

La France a toujours rêvé de créer un Etat-tampon au Sahara. Vers 1957 elle a tenté de créer l'OCRS (Organisation Commune des régions Sahariennes) et a échoué, mais elle n'a jamais abandonné le projet qui profiterait aux Touaregs. Quels sont les enjeux géostratégiques au Sahel ? Le Mali et le Niger renferment, particulièrement dans leurs zones désertiques, des richesses minières immenses (pétrole et uranium) qui sont d'une importance vitale pour l'Occident. L'exploitation de ces richesses n'a même pas été à proprement parler entamée. Ces pays renferment aussi de gigantesques réserves d'eau car il ne faut pas oublier que le Sahara est une mer asséchée.
 
Ces pays, connaissent également la croissance démographique la plus rapide au monde qui fera de ces pays, dans les 15 ou 20 ans à venir, des puissances démographiques régionales dotées de ressources minières immenses. La Chine et d'autres puissances capables de disputer l'hégémonie de la France dans la région, cette situation va bouleverser toutes les donnes géostratégiques au Sahel et affaiblir le rôle de la France.
 
On l'a vu récemment lorsque le régime de Tandja Mahamadou a commencé à diversifier ses partenaires et nouer des relations avec la Chine pour l'exploitation de l'uranium jusqu'alors entièrement contrôlée par la France. La création d'un état Touareg privera les populations maliennes et nigériennes des territoires qui renferment ces richesses minières. C'est ce qui a été fait en Indonésie avec l'indépendance du Timor ; c'est ce qui a été fait au Soudan avec la partition du Sud ; c'est qui a été fait en Ethiopie avec l'Erythrée et c'est ce qui est en train d'être fait au Mali (et bientôt au Niger) avec l'indépendance de "l'Azawad".
Source grioo.com
 

Ce qui précède est en contradiction avec l'intervention militaire actuelle de la France, il s'agit donc d'une analyse intéressante mais discutable.
 

Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi)

(source Les echos)
Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi) est née avec son allégeance à Al-Qaida en 2007.
L'organisation s'est structurée sur les décombres du GSPC algérien. « Aujourd'hui, Aqmi est plus forte qu'Al-Qaida et n'a plus besoin de la maison mère », explique Marc Trévidic dans son dernier ouvrage (1). De fait, sa force est de pouvoir contrôler une zone géographique ce qui lui confère un réel pouvoir. L'organisation dispose de ressources financières confortables, aux origines multiples : les rançons versées pour la libération des otages et les dîmes prélevées sur la plupart des trafics de tabacs, produits de contrefaçon et drogue dans le sud algérien et au Nord-Mali. Entre djihad et banditisme, l'influence d'Aqmi trouve ses limites au Mali. L'origine algérienne de ses chefs fait d'eux des étrangers aux yeux de la population locale.
(1) Terroristes Les 7 piliers de la déraison Editions Jean-Claude Lattès, 18 euros.
 
Pour en savoir plus :
 Gilbert Petit "Le sable et le sang" aux Editions Hélène Jacob